Arrivée de Yunette et Compagnie

Secouant un peu la poussière accumulée sur leur vêtements, Yunette arrivait devant la grand porte du château du Puech. Ils avaient pris leur temps pour ce voyage, certains seraient arrivés bine plus rapidement, mais Yunette avait voulu profiter pleinement du trajet. Depuis le temps qu'elle allait à Aix pour toutes les paperasses administratives, elle n'avait jamais eu l'heur d'observer le paysage. Ce qu'elle fit alors. La vieille mule d'Uter leur avait bien servit durant le chemin, sans elle, c'eut été bien fatigant avec les enfants. Son fils sur la hanche, la petite Célia déposée à terre, elle s'avança. Un peu intimidée. C'était la première fois qu'elle venait dans le domaine de son amie, la Baronne Eavan. Ah ça, ça la changeait du Cigalou la Yunette, elle avait certes déjà croisé la vétérante lors de cérémonies officielles, où d'ailleurs elle se plaisait à appuyer sur son titre et à lui faire force révérences, ne serait ce que pour la mettre mal à l'aise. Mais aujourd'hui elle arrivait chez elle, dans son antre, sa demeure, en son domaine.

Elle replaça une mèche folle attestant de sa longue marche et s'approcha des gardes devant l'entrée. Sa tenue bien que correcte était ternie par la poussière et devait faire piètre impression, elle n'en eut cure, se rappelant la première fois qu'elle avait dû montrer patte blanche et que Chrysopale avait dû expliquer qu'elle était invitée... Souriant à ce souvenir, elle ne s'aperçût pas tout d'abord qu'elle était arrivée devant l'homme et faillit le percuter. Qu'elle était donc maladroite!
Sans se départir de son sourire elle s'adressa au garde, Bonjorn sieur, je voudrais rencontrer la maitresse des lieux s'il vous plait. Voyant l'homme la détailler de la tête aux pieds comme elle s'y attendait, elle haussa un peu le ton, Veuillez lui dire que Yunette et Galuche sont arrivés, ainsi que la demoiselle Célia et le petit sieur Galaad. Elle sourit en coin, annoncer ainsi les enfants l'amusait fortement.

Esteban était de garde. Il faisait froid et son visage avait prit par endroits une couleur rouge dûe à ses morsures. Il s'enveloppa un peu plus dans sa cape. Le ciel était bleu, épuré. A tel point que cela renforcait la sensation de froid. La Provence était parfois capricieuse. Mais là encore, pas de mistral.
Encore heureux.

Le garde eut un regard vers la tour. Il savait qu'à l'intérieur, une partie de cartes se jouait à la chaleur d'un feu. Esteban redirigea son regard vers la campagne environnante. Il aperçut un curieux équipage qui se dirigeait vers la Grand Porte du chateau. N'y voyant guère de menace, il descendit jusque sous le porche de l'imposante porte.
Le groupe ne semblait pas de noble lignage, où en tout cas, ils étaient vêtus comme des paysans.
La jeune femme faillit le percuter. Il ne broncha pas et attendit qu'elle décline son identité.

Veuillez lui dire que Yunette et Galuche sont arrivés, ainsi que la demoiselle Célia et le petit sieur Galaad

Esteban les jaugea encore un instant puis hocha légèrement la tête.

Veuillez me suivre jusqu'au poste de garde. Nous y serons au chaud.

Il appuya ses derniers mots d'un regard sur le jeune enfant que Yunette portait. Le petit Sieur Galaad. Tandis qu'il lui ouvrait la porte de la tour de garde, il appela le jeune garde Cristòu et l'envoya prévenir la Baroùna. Esteban désigna deux tabouret près d'un feu aux visiteurs.

L'homme qui accompagnait la jeune femme était moins sympathique qu'elle. On eut dit qu'il voulait déjà embrocher le garde. Esteban s'en fichait bien. Son travail était de protéger la Baronnie. Et la vue d'une épée lui avait dicté la prudence. Enfin, le jeune Cristòu revient quelques minutes plus tard.
Esteban s'excusa auprès des visiteurs et alla écouter le rapport du jeune homme. Il revint finalement rapidement auprès des ceux qu'il savait désormais être des amis proches de la Baroùna.


La Baroùna m'a chargée de vous conduire jusqu'à elle. Si vous voulez bien me suivre. Vous pouvez laisser la mule ici, Cristòu la conduira aux écuries.

Esteban attendit un accord des visiteurs.

Enfin ils étaient arrivés! Célia, toute heureuse de prendre la route au départ, avait en effet bien plus marché que Yunette ou Galuche, à courir en avant, revenir auprès d'eux, gambadé...
Mais avait fini par en avoir assez, et la fatigue aidant, elle ne désirait plus qu'une chose : arriver à destination.
Voilà pourquoi Yunette devait également être heureuse d'être en vue du château, ne fut-ce que pour faire taire la gamine et ses incessants : "C'est quand qu'on arrive?"

Il en avait de la chance Galaad d'être porté lui. Elle traînait ostentatoirement des pieds, soufflant, se plaignant.
Se taisant aussi lorsque Galuche lui lançait un regard lourd de menaces. Elle l'aimait bien, mais il l'effrayait encore parfois.

On les fit rentrer dans une toute petite pièce. Lorsque le garde fut parti, elle se tournait vers Yunette.

C'est que ça sa maison à Eavan? C'est tout petit!

Mais le monsieur revenait, et (un peu) timide et polie, elle se tut et observa. On allait les emmener ailleurs. Yunette lui tendit la main, qu'elle prit sans hésitation, ne voulant pas non plus se perdre.