Annoblissement de Kylah

L'ambiance a Salon était particulière ce jour. Le personnel s'activait pour finir de préparer la décoration du castel tandis que la garde terminait les paquetages pour le départ prochain au combat. Les visages étaient partagés entre gravité et joie. La vicomtesse, qui avait été alitée quelques jours auparavant, allait en tout sens, muée d'une énergie qui semblait ne pas vouloir se tarir.
La cour avait été nettoyée et des bannières de couleurs rapellant les couleurs salonaises et celles de Cornillon décoraient les batiments. La cérémonie aurait lieue dans la grande salle située dans l'alignement de l'entrée. Un simple hall l'en séparait. Les murs étaient recouverts de tentures et de tapisseries avec application de telle sorte qu'il faisait bon dans cette grande salle, surtout qu'elle était chauffée par la cheminée de la pièce de derrière : les cuisines. Les rares endroits de pierres nues portait des armes et des boucliers. Eavan ne pouvait pas renier sa proxitimé d'avec le métier martial.
Pour l'occasion la grande salle de cérémonie avait été divisée en deux parties : au fond, une zone surélevée portait le fauteuil vicomtal où Eavan recevait habituellement les doléances de ses gens et au plus près de l'entrée, une grande table, dressée pour l'occasion. Autour du trône vicomtal, là où la future vassale s'agenouillerait, un tapis épais avait été disposé. Un peu à l'écart et en retrait, la vicomtesse avait ménager un espace qui permettrait au héraut d'officier sans soucis.

En plus de cette zone du chateau, la Gaelig avait fait préparer quelques chambrées et salon pour accueillir ceux qui ne souhaiterait pas rentrer directement chez eux ou qui souhaiterait vérifier leur mise avant la cérémonie. Eavan voulait absolument que ce jour soit à la fête. Des bouteilles avaient été sorties de ses caves, du gibier était en train de mariner ... La vicomtesse comptait bien profiter de ce moment de réjouissances avant d'aller retrouver son filleul pour guerroyer.
La vie de campement serait nettement moins agréable.

Tout est prêt Vicomtessa, annonca Felipe.

Bien. Profitez vous aussi de la liesse. Informe mes gens qu'ils pourront festoyer quand nos invités seront partis.

Bien Vicomtessa.

Eavan reporta son regard sur la pièce. Ses gens avaient fait un merveilleux travail en si peu de temps. Quelquepart il lui sembla qu'ils n'attendaient que cela : préparer une fête. Sourire aux lèvres, la Gaelig était heureuse.

Eavan rédigeait quelques paperasses. L'exercice ne lui plaisait guère mais il était parfois nécessaire. Felipe vint la chercher. Le Maitre d'Armes était là. Voilà un jeune homme sur lequel on pouvait compter. La Gaelig donne des consignes afin que le Comte de Cassis ne manque de rien : qu'on lui propose à boire et à manger, le temps pour elle de se préparer pour rejoindre la salle de cérémonie.

La robe était sobre, peut être un peu plus réhaussée en broderies qu'à l'accoutumée. Les cheveux étaient coiffés avec application et relevés de telle sorte que la couronne de vicomtesse y soit parfaitement stable. La croix aristotélicienne tronait en place centrale autour de son cou. Dans une telle mise, on aurait pu croire qu'elle était une vraie dame. Léger sourire de la Gaelig lorsqu'elle rejoignit le Maitre d'Armes.

Votre Grandeur, excusez moi ce temps d'attente.

Légère inclinaison polie. Mais pour une fois pas très rigide, signe, sans doute, que la Gaelig voulait ce jour plus à la fête qu'aux salamalèques. Ceci dit, un peu de nervosité commencait à poindre. Tout se faisait très vite, saurait elle mettre dans l'acte autant qu'il méritait ?

Avez vous fait bonne route ?

L'enfant qui avait les yeux plongés dans le livre des vertus afin de trouver la page à laquelle il ouvrait toujours l'ouvrage lors des anoblissements ; car c'est bien beau de prêter serment sur le dogme mais encore fallait-il que tout cela ait un sens ; leva ses yeux cette fois-ci vers la Vicomtesse qui faisait son entrée.

Vous n'avez certainement pas à vous excuser, commença t-il remarquant pour la première fois l'inclinaison de la chatelaine lors même qu'elle fut moins prononcée qu'à l'habitude... je suis ici chez vous. finit-il se disant qu'il était vrai que Comte était au-dessus de vicomtesse et se faisant la remarque que c'était du grand n'importe quoi et que rien ne l'empêcherait de se sentir tout petit face à elle.

J'ai fait très bonne route, je vous remercie. J'étais en train de chercher le passage du livre des vertus que je choisis généralement lors des anoblissements.

Il disait cela comme s'il avait fait ça toute sa vie, mais ce n'était finalement que le troisième anoblissement qu'il prenait en charge...

Ah voilà ! C'est ce passage, celui dans lequel Aristote explique à un disciple la différence entre le bien et le mal. La morale. Je trouve que cela se prête parfaitement à l'engagement que l'on prend envers les terres qui nous sont confiées. Mais vous qui avez été vidame, peut être préférez-vous un autre passage du livre...

Et la Gaelig de sourire. Elle l'aimait bien ce jeune Comte. Et mieux que cela elle le respectait. Il y avait plus d'honneur dans l'un de ses cheveux que dans la plupart des nobles provencaux.

Ce passage me convient parfaitement Comte. En tant que Vidame j'avais une pensée particulière pour le leg de Sainte Kyrène et le recours à la sainte violence. Mais je préfèrerais, au vue des circonstances, que la guerre reste loin de cette cérémonie. Je la verrais de suffisamment près dans quelques jours pour faire de ce jour un jour de paix.

Eavan embrassa encore une fois la salle du regard. Ses gens y avaient mis tout leur coeur. Elle les savait inquiets. A chaque fois qu'elle partait ils l'étaient. Au fil des ans, les gens de ce vicomté étaient devenus comme une famille. Et c'était vrai que cela faisait déjà bon nombre d'années qu'elle avait la gestion de ces terres.

Comte, pourriez vous me rappeler le déroulement de la cérémonie ? C'est ... mon premier annoblissement.

La vicomtesse était un peu mal à l'aise. L'exercice n'était pas familier. La seule fois où elle avait posé cette question : veux tu devenir ma vassale, cela avait été à Yunette. Qui était morte brulée vive dans sa demeure avant qu'Eavan puisse organiser la cérémonie. Mais c'était le passé. Un passé qui faisait ce qu'Eavan était aujourd'hui. Et aujourd'hui, la Gaelig allait annoblir une autre femme extraordinaire qui faisait ce qu'elle était, une autre amie. Et non des moindres.

Si vous êtes prêt Comte, nous n'attendons plus que les invités ... et la principale intéressée.

Avec le temps et à force de cumuler les responsabilités, Sab avait appris à s'organiser. Aussi avait-elle épinglé sur son tableau de bord une invitation qu'elle tenait à honorer. Et ce serait une grande première pour elle en plus. Une cérémonie d'anoblissement.
Elle avait assisté à un tas d'événements, mais pas encore à celui-là.
Donc, en plus de venir soutenir Kylah qu'elle adorait depuis bien longtemps, sa curiosité naturelle serait satisfaite. Elle allait enfin voir comment se déroulait un anoblissement.

Ce matin, elle avait pris soin de choisir une tenue adéquate et de soigner sa coiffure. Elle avait pris le temps de relever ses longues boucles en un chignon qu'elle avait volontairement voulu un peu sauvage en laissant retomber quelques mèches. Au diable, le côté trop strict et rigide qui ne lui convenait pas vraiment.

Comme elle était arrivée à salon de bonne heure pour passer au bureau de parti, c'est par les travées intérieures qu'elle rejoignit la salle aménagée pour l'événement.

Elle gratifia les gardes d'un grand sourire, les salua et se présenta.

Une fois les fers de la garde décroisés, elle se dirigea vers le coeur de la grande pièce, alla s'incliner devant sa marraine et le jeune homme situé à ses côtés.
Je me présente à vous, Messer, je suis Sabdel.

Aux traits du jeune homme qu'elle inspectait, elle devinait qu'il s'agissait du fils de feue Milady. Il lui ressemblait en tous cas.

Elle se retourna ensuite sur Kylah.
Ne sachant trop comment réagir, ni ce qui était ou pas de circonstance, elle l'embrassa chaleureusement comme de coutume. Autant rester naturelle, se dit-elle.
Bonjorn ma Kylah! Tu es splendide!!!! Whaouwwww!

Elle alla ensuite embrasser Calanthe et les enfants pour enfin saluer Guirre et Ysabelle.

Au moins, il n'y avait que des gens qu'elle appréciait dans cette salle. Cela contribua à la détendre et elle se mit à admirer la très réussie décoration de la pièce. Elle n'en demeurait pas moins un peu mal à l'aise dans des lieux aussi majestueux.

On laissa entrer Kylah et sa petite famille, puis on les mena jusqu'à la salle où se déroulerait son anoblissement.
Kylah fit quelque recommandation à Aedan pour qu'il se tienne sage, c'est qu'il avait du tempérament, son fiston. Elle embrassa ses trois enfants, puis les laissa en compagnie de Jacinthe.

Kylah s'avança ensuite vers Eavan et... Une première personne qu'elle ne connaissait pas!
Elle ne savait trop que dire en de telles circonstances. Elle n'osa pas de familiarités avec Eavan, bien que le ton qu'elle employait ne pouvait évidemment pas être distant ou détaché.

Bonjorn! Lança-t-elle, suivit d'un: "Me voici."

Un sourire chaleureux - mais qui laissait transparaître un brin de nervosité - à l'adresse d'Eavan ponctua sa phrase. Puis elle salua courtoisement le jeune Comte qu'elle ne savait pas être Comte.
Une nouvelle arrivée se fit annoncer. Guirre et Ysabelle. Des visages connus! Voilà qui ravit Kylah au plus haut point. Surtout de voir que son cher ami de longue date tenait debout après sa mésaventure et qu'en plus il lui faisait l'honneur d'être présent ce jour.

Guilhem! Mon ami! Comme je suis heureuse de te voir sur pieds! Kylah alla saluer Guirre et Ysabelle bien chaleureusement. Elle ne savait pas si c'était l'usage... Mais pour le coup, elle n'y fit guère attention, trop ravie de les voir.

A peine eut-elle le temps d'échanger quelques mots avec eux, qu'une voix bien connue l'interpella. Sabdel venait d'arriver. Elle l'embrassa également chaleureusement et ne manqua pas de la remercier pour le compliment sur sa robe.

Eh! Merci... C'est là un présent d'Eavan. Tu connais son bon goût! Un sourire à Sabdel. Un autre à Calanthe, non non, elle ne l'oubliait pas son époux. Elle ne voulait surtout pas qu'il se sente mal à l'aise et ne manqua pas de lui demander discrètement si tout allait bien pour lui.

Et une autre entrée. Un nouvel inconnu pour Kylah.

- Bonjour. Vous devez être dame Kylah, je suppose?
Nicolas d'Andrésy, cousin de la Vicomtesse.

Un salut des plus courtois de la part de Kylah. C'est que même si elle ne connaissait pas la noblesse, elle avait été diplomate en son temps; elle saviat donc se tenir un minimum en société.

- Bien le bonjorn! Je suis Kylah, en effet. Enchantée. Un sourire. Une pause... Et elle présenta Calanthe à Nicolas d'Andrésy.
Et voici mon époux, Calanthe.

Eavan était attentive aux explications d'Arystote. Lorsqu'il eut fini, elle eut un geste amical, sa main se posant sur le bras du jeune Comte.

Si vous en trouvez l'opportunité, sauriez vous expliquer cela à la future annoblie ? Je suis sure que la pauvre se sent déjà suffisamment perdue.

Léger sourire. Et paf, les hostilités commencaient. Kylah et sa famille entrèrent. Loin de l'attitude protocolaire, Eavan s'excusa auprès d'Arystote pour les saluer, donnant l'accolade aux deux époux et embrassant les enfants. Tout particulièrement Célia, qui était déjà venue. Ah qu'elle était loin la militaire autoritaire à ce moment là. Que son visage pouvait être doux en comparaison à celui qu'elle offrait habituellement au monde.
Se relevant, elle alla saluer les époux La Ciotat. En les invitant à profiter de la journée, elle eut une pensée amusée à l'idée que la Baronne de La Ciotat lui avait tout de même laissé un cuisant souvenir lorsqu'Eavan était entrée dans la noblesse. Depuis de l'eau avait coulée sous les ponts, surtout celui d'Avignon, et la contrariété avait laissé la place à l'amusement d'un souvenir venant d'un autre temps. La vicomtesse profita de ce salut pour remercier de façon appuyée Guirre d'être venu, elle savait bien ce que c'était que d'avoir à assumer des mondanités dans cet état là.
Et puis ce fut au tour de sa filleule de faire son entrée. Sourire amusé, encore, d'Eavan devant l'inclinaison. Elle attendit qu'elle se redresse pour lui donner une accolade amicale.

Merci d'avoir trouvé un peu de temps pour trainer avec les nobliaux.

Les gens arrivaient petit à petit. Politesse par là, politesse par ci. Et son cousin vint à la saluer, une dame à son bras. Sourire sincère que de le voir aussi simplement heureux.

Nicolas, c'est moi qui te remercie. Je me porte bien et toi dis moi ?

Puis après sa réponse, elle lui promit de poursuivre la discussion et s'excusa pour retourner auprès de Kylah. Là elle lui prit doucement le bras et l'arracha avec tact à ses échanges pour la ramener face à Arystote.

Kylah, je te présente le Comte de Cassis, Maitre d'Armes de l'Assemblée des Hérauts du Marquisat de Provence. C'est lui le maitre de cérémonie et je pense que ce qu'il a à te dire pourra t'intéresser.

Léger sourire, comme quelqu'un qui vient de réussir à piéger gentillement quelqu'un d'autre et hop, la vicomtesse retournait à ses affaires familiales.

Je suis de nouveau à toi Nicolas. Je crois que tu voulais profiter de l'occasion pour ... me présenter quelqu'un ?

Regard en direction de la dame. Puis retour sur son cousin. L'homme était un Andrésy, cela se voyait à ses traits, il ne pouvait le nier. Et cela donna le sentiment à la Gaelig que quelquepart, sa cousine était avec elle en ce jour, Lucillus, et cela ne fit que renforcer le bonheur que la vicomtesse ressentait à l'approche de ce moment important.

Il étaient tous arrivés en même temps et le jeune Comte ne pouvait qu'être impressionné d'une telle ponctualité collective. Il ne manquait que sa cousine mais bon... n'avait-elle pas été déjà quelque peu en retard au précédent anoblissement dont il avait la charge. Celle qu'elle même occupait était une excuse des plus valables cependant.

Comptez-sur moi Vicomtessà, avait-il répondu alors que tout le monde faisait son entrée, la future anoblie précédent les autres. En passant et pendant que l'hôtesse accueillait ses invités, Yueel-Arystote ne put que remarquer le changement. Il vit la femme l'espace d'un instant derrière la Vicomtesse. Elle était là une amie avant tout.
Le jeune garçon sourit. C'était là le premier signe d'une cérémonie placée sous le signe de la sincérité ; ce qui lui semblait la chose la plus importante. Il s'était même promis qu'au premier anoblissement de raison qu'il prendrait en charge il ferait une remarque bien sentie. Nanmého !

L'enfant salua Kylah à qui il venait d'être présenté par un sourire.

Je suis ravi de vous rencontrer enfin. , commença t-il avant d'enchainer sur un discours plus pratique que convivial. J'expliquais à votre future suzeraine le déroulement d'une cérémonie, et elle a pensé qu'il serait intéressant que je vous en fasse part également.

Avant toute chose sachez que si le protocole est important, vous aurez tout le temps de le peaufiner plus tard, le principal étant la sincérité.

De nouveau un sourire, il était vrai que devenir noble, si c'était un honneur c'était aussi une lourde responsabilité et un peu de réconfort ne pouvait qu'aider.

Dans un premier temps je vous demanderai de vous agenouiller devant la vicomtesse et de lui demander si elle accepte, je cite "que vous soyez son homme". Si elle l'accepte, elle vous relèvera et posera un baiser sur vos lèvres.
Ensuite, si elle l'accepte, je vous demanderai de prêter serment sur le Livre des Vertus. Le serment consiste à promettre obsequium (obéissance), auxilium (aide militaire et financière) et consilium (conseil) à son suzerain.

Voilà tout ce que vous aurez à faire, on se charge du reste !

Sabdel qui avait toujours les yeux et les oreilles qui traînaient partout ne perdait quasiment rien de ce qui se passait ou se disait.

Citation :

Oui, je voulais vous, euh te présenter ma fiancée, Yrissa.
nous venons juste de décider de nous marier... le 19 février prochain en fait!

Elle regardait en souriant tendrement Nicolas et sa fiancée donc. Elle voyait donc de l'extérieur à quoi ressemblait un jeune couple amoureux sur le point de se marier. Elle était dans le même cas de figure, mais ne se voyait pas évidemment. Attendrie, elle était attendrie.

Citation :

Dans un premier temps je vous demanderai de vous agenouiller devant la vicomtesse et de lui demander si elle accepte, je cite "que vous soyez son homme". Si elle l'accepte, elle vous relèvera et posera un baiser sur vos lèvres.

Alors là, elle était pleinement amusée. Elle se dit que finalement, ils s'amusaient bien les nobliaux.

Elle était impatiente de ne rien rater de tout ce protocole. Elle croisa les bras derrière son dos et attendit la suite.

Eavan accueillit l'annonce de son cousin avec un grand sourire.

Eh bien Dame Yrissa, je suis enchantée de vous rencontrer. Tout comme mon cousin, soyez ici comme chez vous.

Geste rare et spontané de la part de la Gaelig, elle donna une franche accolade à Nicolas, témoignant, comme ses yeux, du bonheur de le voir si heureux.

Mes félicitations à tous deux, jour de réjouissances que celui ci, décidément.

Mots murmurés avec un peu d'émotion.
Après quelques mots de plus, elle s'éloigna pour accueillir la Marquise qu'elle vit entrer. Comme d'habitude, Eavan la salua d'une inclinaison, moins prononcée qu'à l'accoutumée. Décidément plus détendue la maitresse des lieux affichait un doux sourire. Rien n'entacherait cette journée, peu importait les reproches que pouvait nourrir Hersende à son égard, ou ce qu'elle en pensait d'ailleurs, le jour était à la joie et il s'agissait de profiter de l'instant plutot que de se tourner vers les rancoeurs du passé.

Merci d'être venue votre Majesté. Je suis certaine que votre présence ravira Kylah.

Et de continuer pour répondre à la question de son invitée.

Je ne pourrais pas aller mieux. Et vous même ? Permettez que je vous enjoigne à oublier vos soucis pour ce jour. Profitez de la fête.

Léger sourire. Oui, il lui arrivait encore de donner des "ordres" à Hersende, elle comptait sur la souveraine pour considérer cela comme un conseil de la part de sa vassale.

Après son annonce de fiançailles, Nicolas eut la surprise de voir sa cousine, toute souriante et comme émue, lui faire l'accolade. Troublé de sentir une réelle émotion, une démonstration d'attachement familial, il ne trouva rien à dire à part un merci murmuré. Profitant qu'elle se détourne pour accueillir la marquise Hersende, il se tourna un instant vers Yrissa et lui chuchota en pressant sa main doucement:
- Tu vois, ça se passe bien!

Peu après, la souveraine de Provence vint les saluer à leur tour et il inclina légèrement le buste:
- Bonjour, Majesté. Je vous présente, Yrissa, ma fiancée.

Hersende fut agréablement surprise de voir Eavan souriante. Cela n'était pas si courant, particulièrement ces derniers mois et et à la voir si jeune et pleine d'allant, Hersende pensa une fois de plus que son vassal était un fieffé crétin de ne l'avoir pas encore demandé en épousailles. Quoique... finalement c'était peut-être mieux pour la jeune femme...

Soyez certaine que je compte en profiter! lui répondit-elle chaleureusement

Puis Nicolas lui présenta sa compagne et Hersende adressa quelques mots à la jeune fille qui paraissait quelque peu intimidée :

Yrissa, je suis ravie de faire votre connaissance et encore plus d'apprendre la nouvelle de vos fiancailles. Nicolas, vous devez être un homme heureux!

Kylah fut tirée de sa conversation par Eavan pour terminer son chemin devant le jeune Comte - qu'elle ne savait toujours pas être Comte. Les présentations furent faites. Elle sourit courtoisement à son nouvel interlocuteur, ne manquant pas de lui signifier qu'elle était enchantée de faire sa connaissance.

Heureuse de faire votre connaissance. Répondit-elle tout simplement. Mais ce n'était pas le temps des mondanités, aujourd'hui! Le jeune homme, maître de cérémonie, poursuivit directement avec l'explication de ladite cérémonie, justement.

Avant toute chose sachez que si le protocole est important, vous aurez tout le temps de le peaufiner plus tard, le principal étant la sincérité.

Kylah écoutait attentivement et hocha la tête à ce propos. La sincérité... Il va de soi! Songea-t-elle. Puis le jeune homme poursuivit avec le déroulement plus technique des festivités. A mesure de l'explication, Kylah acquiesçait. A mesure de l'explication, la nervosité gagnait Kylah.
Lorsque le jeune Comte eut terminé l'explication - en tout cas c'était ainsi que Kylah interprétait un silence un peu plus long que les autres, Kylah hocha à nouveau la tête.

Bien. J'ai compris. Un sourire courtois à l'adresse de son interlocuteur. L'attention de Kylah fut alors attirée par la venue de son époux, toujours discret, à présent à ses côtés. Quel soulagement pour Kylah! Elle lui prit la main.. Ou plutôt elle l'agrippa littéralement...Son sauveur! Sauveur qui put aisément percevoir que la main de Kylah était moite, voire tremblante. Contraste assez fort avec l'air serein et déterminé qu'elle affichait sur son visage. Elle entreprit de faire les présentations.

Calanthe Tournier, mon époux... Un grand silence. Le drame. L'esprit de Kylah lui faisait défaut et son visage rougissait, rougissait... Elle avait chaud! Elle avait surtout toujours eu beaucoup de mal à retenir les noms... Puis une lueur d'espoir dans ses yeux, elle se souvint de ce qu'Eavan lui avait dit en la plantant devant le jeune Comte.

...Le Comte de Cassis, Maitre des Armes des Hérauts de Provence! Le visage de Kylah s'illumina. Ah elle était fière de s'en être souvenue - ou presque, elle avait juste oublié la moitié du titre honorifique. ça commençait bien....! Mais ça, elle n'en avait aucune idée à cet instant précis, elle était donc ravie d'avoir pu faire les présentations et affichait un grand sourire.