Réception de Galuche, Yunette, Célia et le petit Galaad

Ils suivirent Esteban qui devait les mener dans le salon de réception. Yunette observait tout, empêchant tantôt Célia de toucher à telle ou telle chose qui brillait ou Galaad qui se tendait dans ses bras, l'œil attiré un peu partout. Il les conduisit au travers de quelques couloirs, le calme régnait dans le château. Yunette se disait que ça devait bien changer Eavan de n'entendre plus le fracas des armes. Elle se demandait si son amie avait pris goût à l'a vie de château ou si elle restait fidèle à sa nature de militaire. Elle verrait bien...

Ils arrivèrent enfin dans le salon de réception. Là elle découvrit Felipe qu'elle salua en souriant. L'homme de confiance d'Eavan leur proposa de boire quelque chose, elle ne put s'empêcher de sourire à Galuche... Lui qui s'était inquiété de cela... A propos d'inquiétude... Elle appréhendait un peu le face à face Eavan Galuche. Elle espérait fortement que le courant passerait un minimum, leurs façons d'être étant foncièrement différentes. On verrait tout à l'heure s'il y aurait des étincelles. Ce qu'elle redoutait un peu.

Oui Felipe, je vous remercie, le voyage a été long, et nous boirons volontiers. Elle se tourna vers Galuche et lui chuchota : je crois que Modération est parmi nous aujourd'hui. Elle rit et déposa Galaad à terre, sur un tapis moelleux. De sa besace, elle sortit quelques cubes de bois et leurs ours respectifs.

Célia n'était pas loin de se remettre à se plaindre. Ils n'avaient pas encore assez marché? Voilà qu'on les faisait passer par des tas de couloirs, d'escaliers, etc. Et longs les couloirs en plus!!

Pour tromper son ennui, elle voulait au moins aller voir de plus près les armures qui étaient exposées, mais Yunette la tenait fermement, et elle ne pouvait pas lui fausser compagnie aussi facilement. Elle faillit émettre un énième soufflement, mais la vue du garde l'en empêcha. Il fallait faire bonne impression qu'elle avait dit Yunette. Célia, elle avait pas trop compris pourquoi, mais ça semblait vouloir dire qu'elle devait se faire discrète.

Ils arrivèrent dans un salon, qui coupa à la gamine toute envie de se plaindre. C'était grand et joliii! Le tapis était tout mou, et y avait un feu et des fauteuils. L'attention de sa tutrice étant portée ailleurs, elle put facilement la quitter et s'approcher du mur, et plus précisément, des deux épées entrecroisées qui y étaient suspendues. C'était jolii!, elle rêvait de pouvoir les toucher pour mieux voir (sisi, comme les enfants!). Et en plus, on ne faisait pas attention à elle, l'aubaine. Avec un peu de chance, elle allait même pouvoir toucher...

Le major d'hommes attendit la réponse du compagnon de Yunette.

Je peux vous débarrasser de quelquechose ? Veste, mantel, cape, .. Messire ? Demoiselle ?

Felipe se plia aux désirs des invités.
Il se dirigea ensuite vers les boissons mises à disposition. Puis soudain, prit conscience d'un énorme oubli. Il se dirigea vers la jeune fille, visiblement intéressée par les épées au mur.
Felipe, qui avait les épaules d'un homme d'armes, et pour cause, s'accroupit à hauteur de la jeune enfant.

Mademoiselle désire-t-elle boire quelquechose de chaud ?

Il sourit. Après avoir eu sa réponse il se releva et alla servir les boissons pour les adultes. Il ne leur avait pas demander ce qu'ils désiraient boire. Il aimait à surprendre les visiteurs et invités. Il faisait froid dehors, aussi Eavan avait-elle ordonné d'avoir de l'hypocras ... chaud. Il servit deux verres, raisonnablement. Il apporta le plateau à hauteur de Yunette et du Sieur.

Entrainement.
Quotidiennement elle s'entrainait. Et elle n'aimait pas être dérangée. Un bruit de pas se fit entendre dans le couloir. Eavan ne tarda pas à voir le jeune garde Cristòu. Il semblait hésiter à l'interrompre. Pour lui faciliter la tache elle termina son mouvement et se tourna vers lui, l'épée sur l'épaule.

Oui ?

Le garde l'informa de la présence de visiteurs. Il suffit que Cristòu prononce Yunette pour qu'Eavan arbore un visage surpris et ravi. Elle transmit ses consignes et le jeune homme repartit en direction du poste de garde. La Baroùna rangea son épée et sortit de sa salle d'armes. Elle appela Felipe et Inès, distribuant les consignes sur le chemin de sa chambre. Le chemin étant court et les consignes longues, Felipe reçu la fin a travers la porte tandis qu'Inès préparait une bassine pour qu'Eavan ne paraisse pas pleine de sueur de son entrainement à ses visiteurs.
La gouvernante la regarda. Elle venait de remplir avec quelques seaux d'eau la bacquet. Mais une grimace avait accueillit la main laissée dans l'eau. Eavan n'eut pas de traduction. L'eau serait froide, très froide. Pas de source chaude sous le chateau. Un ou deux puits, ce qui était déjà beaucoup. La jeune femme s'hésita pas longtemps pourtant, le froid ben .. ça conversait parait il.
Inès prit un morceau de savon et commenca à frotter son dos. Le bain ne dura qu'une ou deux minutes. La gouvernante alla chercher une serviette tandis qu'Eavan sortait du bacquet, serrant les dents pour ne pas les entendre claquer, elle se sécha rapidement tandis que sa gouvernante allait lui préparer des vêtements. Depuis sa serviette, la Baroùna lui indique quelle robe prendre.

En quelques minutes Eavan fut prête à recevoir.
Une robe simple. En velours mais de taille très simple, sobre, bleue, tout juste quelques fils d'argent suivant le petit décolleté et descendant du flanc le long du pan droit de la robe, en dessinant des boucles et des fleurs ... Eavan aimait cette robe. Les robes à grand décolleté lui étaient interdites, faute au carreau d'arbalète qu'elle avait reçue à Draguignan. La cicatrice, bien que bien faites, n'était pas des plus esthétiques.

Enfin prête, avec pour seuls bijoux sa croix aristotélicienne de baptème et la bague portant son sceau, Eavan prit la direction du salon où Yunette attendait. Inès talonnait la Baroùna. Eavan ouvrit la porte et entra, ce fut Inès qui se chargea de la refermer, en restant en dehors de la pièce.
Felipe inclina la tête immédiatement pour la saluer puis reprit son service.
Eavan sourit.

Comment cela allait-il se jouer ?

C'est un plaisir que de vous recevoir.

Débarrassée de sa cape et de sa besace, Yunette était quelque peu plus présentable. Elle prit le verre que lui tendait Felipe, le remerciant d'un sourire et s'assit dans un fauteuil, proche de Galuche, décidant de garder l'œil sur Célia, qu'elle avait d'ailleurs fait asseoir près de Galaad. Elle porta le verre à ses lèvres, goûtant doucement le breuvage chaud. Son palais fût envahi par un goût puissant de cannelle et de miel, d'autres goûts riches lui titillaient les papilles bien qu'elle ne sache pas les reconnaitre. La boisson ayant un fort goût de reviens y, elle se retint de la boire trop vite et savoura ce verre durant l'attente.

La porte s'ouvrit sur une Eavan... en robe. Yunette qui se levait pour aller l'embrasser arrêta net son geste pour s'avancer calmement, posément pour stopper à quelques pas d'Eavan. Elle fit là une révérence, enfin quelque chose qui y ressemblait et un léger sourire aux lèvres la salua, Baroùna...

Elle se tourna légèrement, cherchant Galuche des yeux et alla chercher les enfants, maintenant d'une main douce mais ferme celle de Célia, pour qu'elle reste sagement à ses côtés, Galaad lui, ne respectant aucune convenance venait d'éructer bruyamment alors même qu'elle l'approchait de la baronne. Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire, ses yeux quant à eux traduisant son amusement dû au respect de l'étiquette.

Eavan sourit à la révérence de Yunette. Un sourire loin d'être amusé. Elle ne se serait pas permis. Derrière elle vit Galuche lui adresser un signe de tête emprunt d'élégance qui jurait un peu avec le personnage. Mais sait on jamais, si Yunette y voyait son bonheur c'est que l'homme ne devait pas n'être qu'un bougre.
Puis elle vit Célia se précipiter sur elle.
L'espace d'un instant la Baroùna eut un pincement au coeur, une déchirure. Elle ne l'avait pas revue depuis la mort de Chrys et encore une fois la cruelle vérité la cueillit au niveau de l'estomac, à deux doigts de lui couper le souffle ... Mais, si le métier des armes et le commandement lui avait appris une chose s'était à ne laisser paraitre que ce que l'on voulait bien. Dans le regard de l'enfant elle reconnu celui de sa mère et un sourire ravi se dessina sur ses lèvres.

E'vy!

La jeune femme s'accroupit doucement et serra Célia dans ses bras avec tendresse. A cet instant elle lui rapellait un peu sa petite soeur. Elle la souleva et la prit dans ses bras pour échanger avec elle quelques mots qui ne leur appartenaient qu'à elles deux. Une discussion comme des grands, que Yunette et Galuche respectèrent. Puis Eavan redéposa l'enfant sur le sol. Avec douceur. Elle alla embrasser Yunette, une révérence était trop froid à son gout pour une amitié.

Yunette, Galuche, des chambres sont à votre disposition si vous désirez vous reposer ce soir. Mais je vous en prie asseyez vous, je pense que nous avons pleins de choses à nous dire.

Eavan se dirigea ensuite vers Galaad, qui attirait le regard doux et protecteur de Felipe. Cela faisait sourire intérieurement la jeune femme. Elle embrassa Galaad sur le front puis s'assit. Sans qu'un mot n'ait été dit, Felipe lui apporta un verre d'hypocras chaud. Cet homme était précieux à Eavan, une personne en qui elle avait pleinement confiance.
Elle reporta son regard vers ses invités. Cela lui faisait un plaisir immense de les voir.

Surprenant le regard dirigé sur la petite, Yunette se mit à penser à la dernière fois que celle ci avait vu Eavy, elles étaient accompagnées de Chrys... C'était d'ailleurs à cause de celle ci qu'elle mettait autant de cérémonial dans ses saluts à la baroùna. Une habitude en somme, rien que pour mettre la mettre un peu mal à l'aise. Mais cela n'avait visiblement plus lieu d'être, Eavan semblait à l'aise avec les éléments l'entourant. elle paraissait moins gauche dans sa robe qu'elle ne l'était lors de son anoblissement. Célia lui échappa, ce qui ne la dérangea pas plus que ça bien au contraire. Elle ne l'avait maintenue que mollement, préférant l'effusion naturelle dont faisait preuve la petite. Se mettant à la hauteur de l'enfant, son amie échangea quelques mots qu'elle ne perçut pas. Discussion qu'elle mit à profit pour chercher en tâtonnant derrière elle la main de Galuche qu'elle serra doucement.

La jeune baroùna se releva et Yunette répondit chaleureusement à son embrassade, riant doucement. Cela faisait un bon moment qu'elles ne s'étaient vues, et la jeune femme était fort heureuse d'être ici. Des chambres? Bonne idée ma foi. Elle retourna s'asseoir regardant son fils qui semblait aux anges sur le tapis, gazouillant. Il fit un grand sourire à Eavan, franc comme savent faire les tout petits. Mais nous ne sommes pas encore à l'heure de se reposer. Alors? Te fais tu à cette baronnie? Je m'attendais presque à te voir nous accueillir en tenue d'entrainement. Continuant, tout sourire, Ça ne te manque pas trop, les réveils à l'aube et les combats amicaux?

Du coin de l'œil elle voyait Célia qui, visiblement, avait décidé de se contenter des cubes de bois plutôt que de chercher à approcher encore les armes.

Eavan sourit. Elle fit signe à Felipe qu'il pouvait disposer. Il préviendrait Inès afin que la gouvernante prépare les chambres et qu'un repas soit préparé pour la soirée. La jeune Baroùna avait peu de personnel. Telle avait été sa volonté. Mais elle s'était entourée de gens qualifiés et présents.
Yunette prit la parole.

Alors ? Te fais tu à cette baronnie ? Je m'attendais presque à te voir nous accueillir en tenue d'entrainement.
Ça ne te manque pas trop, les réveils à l'aube et les combats amicaux ?

Amusée, Eavan bu un peu d'hypocras avant de répondre.

Tu sais la vie de chateau ne m'empèche pas de me lever tot.

La jeune femme sourit en pensant à l'image d'un noble paresseux roupillant jusqu'à ce que le soleil soit au zénith.

Et les combats ... je m'entraine pour palier à leur absence. Mais toi dis moi, que deviens tu ?

Souriant à l'évocation des entrainements, Yunette se rappela une vieille promesse de son amie. Elle lui avait dit qu'elle lui enseignerait le maniement de l'épée lorsqu'elle en trouverait le temps. Peut être le temps était il arrivé... Quoiqu'en ce moment la jeune femme était bien moins portée sur les armes qu'elle ne l'avait été. Sans doute que le manque d'action à Toulon ne la motivait pas plus. Non pas qu'elle souhaitât que la ville se fasse attaquer, mais elle était un peu fatiguée de devoir rester là bas. La question d'Eavan la sortit de ses pensées.

Ce que je deviens? Et bien... Elle s'arrêta, regardant Galuche, un sourire aux lèvres, puis se retourna vers son amie. Je vais bien, un peu fatiguée par ces mandats consécutifs à la mairie, mais... je vais beaucoup mieux que ça n'a été. Les enfants y sont pour beaucoup, et... il a fait le reste, dit-elle en effectuant une légère pression sur la main de celui qui partageait sa vie. Sais tu ce que m'a appris Dark dernièrement? Il voudrait quitter la Provence pour aller s'installer dans le comté de Toulouse... Et bien sûr... elle baissa le ton, bien sûr il emmènerait Célia. elle contempla la petite, si complice avec son fils et se demanda comment se passerait la séparation. Un profond soupir émana d'elle et elle redirigea son regard vers son amie, la voir ainsi, rayonnante dans sa robe, souriante et visiblement épanouie lui redonna le sourire.

Et toi? à part tes entrainements? tu ne m'as pas dit ce qui occupe tes journées...

Eavan sourit. Ils faisaient un beau couple. Bien entendu au départ elle avait été un peu sceptique. Mais désormais la vérité lui sautait au visage. Ils allaient vraiment bien ensemble. La jeune femme avait confiance en Yunette, à tout les points de vue d'ailleurs. Pas pour rien qu'elle avait rédigé quelques jours auparavant quelques courriers importants.

Le passage sur le départ de Dark et donc de Célia fait froncer les sourcils à la jeune femme. Elle remarqua que Galuche avait eu la même réaction. Eavan se leva et alla chercher un pichet ouvragé dans lequel somnolait l'hypocras. Felipe étant reparti, elle se chargerait du service. Après tout, elle était en présence d'amis, cela ne ternirait pas sa réputation que de se montrer serviable. Elle remplit le verre de Galuche qui avait eu un très bref regard en direction de l'hypocras.


Elle se rassit et sourit à Yunette. Ses journées ?

Eh bien, je prépare mon départ de l'armée ... Et une candidature mais ... je n'en dirais plus que lorsque ce sera sur. Sinon l'administration de mes terres, les discussions à Aix ... C'est assez prenant.

La Baroùna sourit. Puis comme si elle venait de s'en rapeller alors qu'en vérité cela faisait un petit moment qu'elle y pensait.

Dis donc, je n'avais pas parlé de t'apprendre quelquechose ?

Fidèle à elle même, Eavan avait l'œil sur tout et n'avait donc pas loupé le regard de l'homme qu'elle aimait vers la dive bouteille. Yunette sourit en coin, se demandant ce que Galuche penserait de se faire servir un verre de vin par une Baronne. Elle écoutait son amie, hochant la tête à ses propos. Galaad s'était endormi sur le tapis moelleux, son ours, cadeau fabriqué de la main Chrys dans les bras.

Ah ça... Aix... on y passe du temps, parfois pour rien... mais bien trop en tous cas. Elle la fixa, l'information précédente remontant à son esprit. Tu quittes donc l'armée... c'est dit? Définitif? Elle brûlait de lui demander en quoi la candidature consistait mais se retint, si son amie n'avait pas envie d'en parler... Elle ne lui forcerait pas la main... Si tant est que c'eut été possible.

M'apprendre quelque chose? La jeune femme fronça les sourcils, tentant de se rappeler quelque détail occulté, quelque chose que lui aurait confié son amie. Elle resta silencieuse un long moment, fouillant dans sa mémoire, en oubliant presque ce qu'elle essayait de se remémorer. Elle regarda la Baroùna et lui fit un petit sourire gêné, Ben, non, je ne crois pas, enfin, je ne m'en souviens pas... Tu devais m'apprendre quoi ?

Eavan en aurait presque sursauté de cet élan de son amie.
Presque.
Mais tout de même.

La jeune Baroùna sourit.
Yunette était jeune. Bien plus jeune qu'elle. Et en vérité elle était d'une telle maturité qu'Eavan venait souvent à oublier cet écart. Mais parfois, dans de tels moments, on voyait bien des petits restes d'enfant dans le regard. Et invariablement tout cela ramenait la jeune propriétaire des lieux à sa soeur, qui ne devait avoir guère plus que Yunette. Eavan écouta avec attention la description de l'arme forgée par Dark. Nul doute qu'il était un excellent forgeron. Et il semblait avoir parfaitement saisit le besoin de Yunette en matière d'armement.

Alors ? On commence quand ?

Mais avant même qu'Eavan ait ouvert la bouche, Yunette se tournait vers Galuche pour envoyer une tartine de compliments et de louanges à sa marraine. Ce fut au tour d'Eavan de rire en se levant sans précipitation.

Lucillus est ma soeur d'armes des premières heures avant d'être un Grand Maitre, c'est une amie fidèle. Chacun de nos combats est serré et rien d'autre qu'un peu de chance ne détermine l'issu du combat.

Puis la jeune femme cessa peu à peu de rire pour ne garder qu'un sourire franc et amical. Toutefois le regard trahissait un sérieux que le ton n'allait pas tarder à confirmer.

On commence quand tu le souhaite. Cependant l'apprentissage de l'épée est un art exigeant et fatiguant. Ce serait un honneur pour moi que de t'enseigner ce que je sais, mais je ne peux pas te garantir que cela sera une partie de plaisir. Du moins, pas au début. Il ne suffira pas d'un jour, ni d'une semaine.
Enfin, je pense que tu t'en doute, je ne te ménagerais pas.

Enfin sur ce dernier point, la Baroùna pensa qu'en fait, elle le ferait s'il le fallait et que de toute façon il n'était pas dans ses habitudes de pousser les élèves à la faute. Jamais encore une de ses séances d'entrainement n'avait menée à une blessure. Et pourtant elle se rapellait encore de la façon dont elle avait insisté auprès de Traviata, Lieutenant de Brignoles à une époque, pour que la jeune femme frappe avec ses "tripes" et oublie quelques instants sa retenue. Eavan n'avait pas fait dévier son regard des yeux de Yunette.
Regard pénétrant.
Elle savait avoir une jeune femme pleine de promesses et d'énergie. Mais quel impact avaient eus ses mots ? Yunette s'attendait-elle à ça ?

Petite tête blonde qui s'approche, Yunette qui ne voit rien, un regard posé sur son homme qui sourit, un baume pour le cœur. Attention qui se reporte sur sa marraine. Manche qui bouge, discussion, toujours, manche qui bouge fort, demoiselle qui baisse les yeux et et sourit à sa presque fille.

Oui, ma puce ?

Argh, la faim. petit regard décontenancé de la jeune femme, quand on est pas chez soi... Se reprend rapidement, sourit à son amie.

Je crains que le temps de la dégustation de l'hypocras ne soit fini. Léger rire. La demoiselle Célia a faim m'dame, et ses désirs... loin d'être des ordres, ne me sont tout de même pas indifférents.

Que le temps passait vite lorsque l'on était en agréable compagnie. Et plus encore lorsque l'on discutait entre amis. Devant un Galuche proportionnellement très silencieux par rapport à Yunette, la discussion allait bon train. Eavan aimerait bien le connaitre mieux le Galuche mais il ne semblait pas très bavard.
Et soudain une petite voix teintée d'impatience s'éleva.

Yunette qui précisait la demande à la Baronne. Eavan eut une brève envie de rire. Comme s'il y avait besoin d'une traduction. Un regard amusé et la jeune Baroùna fit un clin d'oeil à sa filleule.

Felipe.

L'homme entra aussitot, comme s'il n'attendait que l'appel de son nom pour ouvrir la porte et apparaitre.

Oui Baroùna ?

Le repas prévu est il prêt ?

Oui Dona.

Bien. A table donc, annonca-t-elle en faisant un sourire à Célia.

Oui, bon, jouer les grandes dames et se donner des airs, elle n'y jouait qu'entre amis. Et a voir la tête amusée de Yunette cela fonctionnait bien.